b) Tout peuple a droit à sa liberté, à son identité et sa souveraineté; logiquement, si cela vaut vraiment pour chaque peuple sans exception, alors cela vaut aussi pour le peuple croate. Défendant donc ce principe, il a été patriote, ami de son peuple, respectant le même principe à l'égard de tout autre peuple.

c) L'Eglise a droit à la pleine liberté d'accomplir sa mission spirituelle dans chaque peuple, dans chaque système, dans chaque type d'Etat. Il a défendu l'Eglise. A cause de ces principes, il était opposé à tout système totalitaire.

Des documents parlent

12. Il a défendu l'homme. Pour appuyer cette affirmation, il existe une assez large documentation; il existe aussi des témoignages auxquels aucun acte d'accusation ne peut enlever la force de vérité.

Ces dernières années le Saint Siège a publié dans de nombreux volumes les documents qui se rapportent aux activités du Saint Siège et de l'Eglise Catholique pendant la Seconde guerre mondiale en faveur de ceux qui furent victimes de systèmes ou d'idéologies de quelque côté que ce soit. Le neuvième volume de 687 pages porte le titre: LE SAINT SIEGE ET LES VICTIMES DE LA GUERRE - Janvier - Décembre 1943. C'est l'édition de la Librairie éditrice du Vatican de 1975.

Dans le volume cité, de la page 224 à 229, se trouve un "Tableau récapitulatif des documents concernant l'attitude de l'Eglise catholique envers les orthodoxes et nonaryens persécutés et remis par l'archevêque de Zagreb Mgr Stepinac au cardinal Maglione" (Ib., p. 224).

Pour la période de mai 1941 à la fin de mai 1943 sont énumérés 33 documents qui contiennent des protestations, interventions et demandes en faveur de tous les persécutés.

Sous le numéro 1 nous lisons: "Intervention de l'Archevêque de Zagreb contre l'exécution des otages serbes qui eut lieu les premiers jours de l'établissement de l'Etat croate" ("Intervento dell'Arcirescovo di Zagabr:a contro la fusilazione di ostaggi serbi effetuata nei primi giorni dalla creazione dello Stato croato" - ib., p. 224).

Sous le numéro 2 nous lisons: "Lettre à Poglavnik par laquelle il proteste contre l'exécution par les oustachis de 250 Serbes à Glina - 14 mai 1941" - ib., p. 224).

Sous le numéro trois est écrit: "Circulaire sur le passage des " orthodoxes ". on recommande vivement au clergé de ne prendre dans l'Eglise catholique que les personnes qui le demandent sincèrement, qui sont bien instruites et en état de vivre selon les principes de la morale catholique (15 mai 1941)" - ("Circolare circa la conversione degli " ortodossi ": vive raccomandazioni al clero perché non si ammetano alla Chiesa cattolica se non persone sincere, bene istruite e in stato di vivere secondo i principi della morale cattolica - 15 maggio 1941" - ib., p. 224-225).

Les "rebaptêmes"

13. En ce qui concerne le passage des orthodoxes à l'Eglise Catholique, l'Archevêque dans son discours au tribunal a dit ce qui suit: "Je ne parlerai pas de cela plus en détail mais je dis que ma conscience est pure et l'histoire un jour dira son jugement. C'est un fait que j'ai dû déplacer des curés en danger de mort de la part d'orthodoxes car des Serbes voulaient les tuer parce qu'ils étaient réticents pour ces passages. C'est un fait que l'Eglise pendant la dernière guerre a dû se faufiler à travers les difficultés comme un serpent et on a tendu la main au peuple serbe avec l'intention de l'aider comme on pouvait" (Benigar: A. Stepinac, p. 12).

Quant à ce qu'il pensait au sujet de Jasenovac, on le voit dans la lettre de protestation écrite à Pavelic lorsque furent fusillés dans le camp quelques prêtres slovènes. Dans la lettre du 24 février 1943 il écrit ce qui suit: "C'est une tache honteuse et un crime qui crie vengeance vers le ciel, comme le camp lui-même de Jasenovac est une tache honteuse pour l'Etat Croate 'Indépendant n (ib., p. 418). Il demande que les meurtriers soient jugés. Rappelons ici que l'archevêque Stepinac a accueilli dans l'archidiocèse de Zagreb environ 200 prêtres slovènes et les a ainsi sauvés de la déportation.

14. S'il se trouvait dans la direction du camp de Jasenovac un apostat, quelle monstrueuse calomnie alors de dire "que des prêtres catholiques commandaient ces boucheries humaines"! Par cette accusation on voudrait rendre le cardinal Stepinac responsable des 40 000 victimes que l'on attribue au camp de Jasenovac. Comment pourait-il être responsable de celà quand il haïssait tout crime commis par qui que ce soit contre l'homme et contre le peuple. Il fut sincèrement compatissant aux souffrances du peuple croate contre qui aussi furent commis de lourds crimes. Il y a des cimetières sur lesquels il n'y a pas de pierres tombales; il y a des victimes recouvertes par le silence.