Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Le lendemain matin, fête de Saint Nicolas, la Messe fut célébrée par le curé de Krasic, mais les fidèles aperçurent l'Archevêque à genoux près de l'autel. L'émotion s'empara de l'assistance; la prière et les chants de l'Avent se firent plus ardents pour accompagner la Messe. Après la Messe du curé, Mgr Stepinac célébra à son tour et tous les fidèles restèrent sur place.

Pendant sa Messe, l'Archevêque avait aperçu dans l'église des journalistes étrangers. Ils l'attendirent à la sortie pour l'interroger. Il répondit simplement que partout où il se trouve, à Zagreb, à Lepoglava ou à Krasic, il ne fait que son devoir qui est de souffrir et de travailler pour l'Eglise. Il ajouta qu'il n'avait jamais demandé qu'on le remette en liberté, car il était innocent et n'avait rien fait contre l'Etat. L'Eglise, ajoutait-il, est toujours pour la collaboration avec l'Etat, mais à condition que celui-ci respecte ses droits essentiels sur l'école, le mariage, la presse, les aeuvres caritatives, etc. A la question de savoir s'il accepterait de partir à l'étranger, il répondit qu'il voulait rester avec ses fidèles et ses prêtres, en ces temps difficiles.

A Krasic,l'Archevêque se levait très tôt. A 3 heures ou 3 h 30 du matin il se mettait en prière jusqu'à 6 h 30, heure à laquelle il se rendait à l'église pour célébrer la Messe. Toutes ses journées étaient consacrées à la prière et à l'étude. Il montrait l'exemple et incitait aussi les fidèles à la récitation du chapelet.

Pendant le Carême, même lorsqu'il était déjà très malade, en 1958, il se mettait à genoux pour prier avec les fidèles comme avant. Aucune souffrance ne pouvait l'empêcher de célébrer la Messe. Même au cours de ses promenades, il priait en admirant les beautés de la nature, les feuilles, les fleurs, les arbres et il s'exclamait: que Dieu est merveilleux!

II priait Dieu de sauver le peuple croate, de sauvegarder sa foi, de remplacer son "coeur de pierre" par un coeur d'amour, comme dit le prophète.

"Vicaire" à Krasic

Durant sa prière, il se concentrait à un tel point qu'il ne voyait plus rien de ce qui se passait autour de lui. Il jeûnait aussi beaucoup. Pendant le Carême, il s'abstenait de viande et ne prenait pas de petit déjeuner.

Reprenant ses homélies destinées aux dimanches et jours de fête, il parlait avec enthousiasme de la Mère de Dieu. On sentait sa foi vive et profonde, sa bonté et son amour pour Dieu! C'est de tout son coeur qu'il prêchait.

Il passait aussi des heures entières au confessionnal; les fidèles venaient en grand nombre se confesser à; lui, les dimanches de 5 h 30 à 11 heures. Il lui arrivait de confesser quatre heures d'affilée. Lorsque le curé Vranekovic voulait le remplacer de crainte qu'il se fatigue trop, il refusait, car il savait que beaucoup de gens étaient venus exprès pour se confesser à lui. Il ajoutait: "Dieu ne va pas abandonner ce peuple qui souffre tant mais garde malgré tout sa foi." Il disait que son plus grand délassement était de confesser:

"Il ne faut pas désespérer, disait-il, car même si le communisme laisse des traces dans notre peuple et si nous avons les mains liées par cette idéologie perfide, si quelques-uns ont failli, nous sommes cependant meilleurs que les peuples de l'Ouest, saturés de biens matériels mais qui étouffent dans l'immoralité et l'athéisme. Dieu merci! mon peuple est resté fidèle à Dieu et au respect dû à la Sainte Vierge. "

En 1958, sa maladie le faisait beaucoup souffrir. Il priait afin de pouvoir continuer à confesser ces gens qui venaient de loin. Le curé Vranekovic notait: "C'est un vrai miracle". Malgré sa souffrance, il trouvait toujours la force d'aller à l'église, surtout en ce temps de Carême.

Mgr Stepinac a dit un jour: "Un bon geste de notre part peut être décisif pour toute une vie d'homme". C'est avec un plaisir sensible qu'il bénissait les mariages, sans faire de différence entre riches et pauvres; il les fêtait pareillement, mais aux pauvres, il envoyait ensuite des cadeaux.

Le reste du temps, on l'entendait dactylographier. Il rédigeait et préparait sermons et prédications; il. répondait aux nombreuses lettres qu'il recevait. Il lisait aussi beaucoup. Il feuilletait le martyrologe romain et prenait des notes, ce qui lui permit d'écrire un article intitulé: "Pensées sur le Martyrologe". Après sa mort, cet article fut publié dans le Journal officiel de l'Archevêché de Zagreb, mais, étant donné les circonstances, sans signature.

Mgr Stepinac commanda toute la collection du "Journal catholique" depuis le premier numéro qui datait de 110 ans. Il voulait connaître tous les événements de l'Eglise et de sa patrie, en faire une synthèse pour la compréhension du présent à partir du passé. En travaillant ce sujet, il constata que les mêmes signes d'immoralité apparaissaient déjà jadis.

L'Archevêque lisait aussi de nombreux journaux et revues étrangères qu'il recevait.

Mgr Stepinac qui, nous l'avons dit, communiait intensément avec la nature au cours de ses promenades, fut bientôt constamment suivi par un policier indiscret qui s'approchait pour saisir la conversation de l'Archevêque et du curé quand ils se promenaient ensemble. Ce lui fut extrêmement désagréable.

Il aimait aussi les animaux. Il connaissait tous ceux qui étaient dans la cour. En janvier 1956, un franciscain de Zagreb lui avait offert une cage avec des canaris; il leur avait donné un nom et les connaissait tous un par un: il distinguait 30 mélodies différentes chez un de ses canaris. Souvent il ouvrait la cage pour qu'ils voltigent dans sa chambre; ils chantaient de plus belle, faisant concurrence à la machine à écrire dès que Mgr Stepinac s'en servait.

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