8. Lorsque nous faisons appel au jugement de l'histoire, alors nous nous référons aux principes éthiques permanents, objectifs et universels, qui obligent la conscience et règlent le comportement correct envers l'homme; ils sont le fondement des rapports nationaux et internationaux justes. Nous croyons aux principes éthiques objectifs dont la valeur et l'obligation ne dépend pas de quelque puissance, pouvoir ou système de ce monde. Dans le jugement des actes humains et des drames de l'histoire, c'est seulement le respect des principes éthiques fondamentaux qui éloigne des proc'es toute injustice, tout mensonge et toute haine. Aucun intérêt ne peut permettre qu'un innocent soit condamné comme coupable; il est inadmissible aussi que la faute du coupable soit exagérée et élargie à des communautés et à des peuples entiers ou à des parties dans un différend; dans les procès juridiques le défenseur doit avoir la même liberté et les mêmes droits qui sont assurés à l'accusateur. Le jugement de l'histoire est ce que dit le prophète Isaïe: "Et je prendrai le droit comme mesure et la justice comme niveau" (Is 28,17). Hélas, justement les procès politiques sont presque toujours exposés au danger d'être plus les instruments de la vengeance que de la justice.

Pour nous fidèles, le Sermon sur la montagne est la garantie que Dieu, Maître et Juge de l'histoire, prononcera la sentence finale sur toute vie et sur l'histoire entière.

Que dirent les Papes?

9. Après la sainte mort du cardinal Alojzije Stepinac, le Pape Jean XXIII, lors de l'office des morts à Ia Basilique de Saint-Pierre, a rendu témoignage à l'Archevêque en disant: "La figure simple et remarquable de ce père et Pasteur de l'Eglise de Dieu était très chère à mon âme... Le cardinal Stepinac, qui a donné à son célèbre archidiocèse 26 ans de son épiscopat, était vraiment l'image encourageante du Bon Pasteur. Surtout par son infatigable et fervent travail apostolique. Puis, dans les dernières trop longues années de Ia douloureuse séparation, il a amassé une telle richesse de mérites qu'en retour le Père Céleste les a sûrement inscrits dans le capital de grâces et de bénédictions pour toutes les familles et pour tous les fidlèes de Ia fervente et pieuse Croatie" (A. Benigar: Alojzije Stepinac, Rome 1974, pp. 860-861 ). Le Pape connaissait sûrement à fond le drame de feu le cardinal Stepinac pour pouvoir dire cela devant le monde entier.

A la cathédrale de Milan, le cardinal Giovanni Batista Montini, 1e futur Paul VI, présidait l'office des morts.

Dans son homélie il a posé cette question : "Peut-on même supposer qu'un cardinal archevêque n'aime pas son pays ou n'observe pas loyalement les lois justes ? Personne qui ne nie la Iumière du soleil ne pourrait démentir cela. Est-il même possible qu'iI donne sujet à un Etat, qui mérite ce nom, de le juger d'une façon aussi impitoyable? Ou bien, peut-être la force crée-t- elle le droit? Quel droit est-ce? (Ib., p. 864).

A ces questions répondent facilement tous ceux qui, se rappellent les événements de très près et tous ceux qui, véritablement sans parti pris, peuvent lire toute la documentation et Ie témoignage même de Ia vie personnelle du Cardinal. Mais dans les âmes droites des jeunes qui ne connaissent pas les choses par expérience et auxquels on ne répète que I'accusation, peut surgir Ia question angoissante: où est la vérité?

Procès de réhabilitation

10. Pour pouvoir dire la vérité entière, il faudrait renouveler tout le procès et mettre en lumière tout, absolument tout ce que quelqu'un a fait et dit et quels principes il a défendu. Il faudrait faire une analyse loyale, impartiale et complète de l'époque entière, du rôle et des oeuvres de tous les participants qui ont été lancés dans l'horrible tourbillon de la guerre mondiale, civile et révolutionnaire. Pour un tel procès il faudrait vraiment un tribunal international qui aurait assez d'objectivité scientifique, d'indépendance politique et de responsabilité éthique pour prononcer le jugement. Comme nous voyons, le procès de réhabilitation du cardinal Stepinac n'est pas réalisable dans notre pays.

Trois principes du Cardinal Stepinac

11. Comment pouvait se comporter un archevêque, fidèle à sa conscience, en ce temps de problèmes et conflits politiques, nationaux, sociaux, économiques? Quelle attitude pouvait prendre l'archevêque de Zagreb dans une guerre où se sont engagés des comptes et des ambitions, des forces et des intérêts opposés, des injustices anciennes et des vengeances nouvelles; dans une guerre où luttaient les mondes? Il ne pouvait que défendre le point de vue de solides principes éthiques comme le lui dictait sa foi et sa conscience. L'archevêque Stepinac a suivi ces trois principes clairs et universeis: