Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy

CHAPITRE II: PAYS NATAL

Krasic, son village natal

Alojzije Stepinac est né à Krasic, au nord-ouest de la Croatie dans la circonscription vallonnée de Jastrebarsko, à une cinquantaine de kilomètres de Zagreb, en direction de Karlovac.

Dès le XV siècle, des villes, villages et hameaux se sont implantés dans ce pittoresque paysage; leur activité principale était l'agriculture. Les vignobIes fleurissaient aussi sur les coteaux, et le bétail domestique enrichissait les étables des fermes.

L'autochtone issu de ces terres porte en lui toutes les caractéristiques des Croates de Pannonie. C'est le Slave d'un tempérament doux et calme, mais tenace quand il s'agit de défendre ses droits et son pays.

Le nom du village, Krasic, doit son origine à la fraternité Krasici, mentionnée en 1249 dans les archives: son pater familias portait le nom de Kraisi, d'où est venu plus tard le titre définitif de la famille patriarcale qui donna son nom au village.

Les attaques des Turcs, si fréquentes dans le but de pénétrer plus profondément en Europe, visaient Vienne d'abord, Paris ensuite. Elles furent stoppées en 1566 par le ban croate Nikola Zrinski au seuil de la ville de Siget, un mur vivant de Croates les arrêta.

D'ailleurs, ce n'est là qu'un fait historique parmi tant d'autres, concernant ce petit peuple Slave si peu connu des Français, mais que le Pape Léon X appela en 1619 "Antemurale Christianitatis" c'est-à- dire "Rempart de la Chrétienté".

Les avances sanglantes des hordes turques ne parvinrent pas jusqu'à Krasic, et la population de cette ville ne fut pas forcée d'accepter la religion musulmane. Ceci explique une certaine pureté de la vie catholique dans cette région.

L'église du village fut reconstruite en 1913 dans le vieux style croate et englobe les restes d'une petite église gothique du XV siècle.

Sa famille

Dans la deuxième moitié du siècle dernier, la plus importante "zadruga", communauté de famille, fraternité (1) de Krasic comptait quatre-vingts membres et était dirigée par les trois frères Stepinac. L'un d'eux était Josip, le père de Alojzije, le futur cardinal. Cette Zadruga fut divisée en 1878. C'est alors que Josip acheta une exploitation rurale qui comptait plusieurs bâtiments au centre de Krasic, tout en gardant sa première ferme familiale sur la colline Brezaric.

La grande famille patriarcale des Stepinac donna plusieurs prêtres et plusieurs religieuses à l'Eglise. Parmi eux le plus connu est Mgr Matija Stepinac, le frère du père de Alojzije, aumônier au séminaire de Zagreb, mort en 1921. C'était un homme très estimé.

Le père du futur cardinal, resté veuf avec trois petits enfants, avait épousé, en deuxièmes noces, en 1885, une brave jeune fille, Barbara, travailleuse et profondément croyante. Ils eurent encore huit enfants dont le cinquième, Alojzije (= Aloïs) Victor, futur archevêque de Zagreb, est né le 8 mai 1898.

Josip était exigeant envers ses enfants mais son principal souci éducatif était de montrer, par sa conduite, l'exemple d'un honnête homme.

Comme il était assez fortuné, tous les garçons de la famille, selon la coutume de ce temps-là en Croatie, purent suivre une scolarité assez poussée.

Le foyer familial du jeune Alojzije était le noyau d'une vie paysanne intensément chrétienne et heureuse. L'hospitalité envers autrui était aussi de règle.

L'enfance du petit Alojzije se passa tranquillement, sans traumatismes néfastes: dans cette famille, toutes les conditions étaient remplies pour l'épanouissement des personnes, l'amour et le respect régnaient au foyer.

Sa mère vénérait particulièrement la Vierge Marie. Pendant tout le mois de mai, auprès d'une belle image de Marie Auxiliatrice, une petite lampe à huile restait en permanence allumée. Alojzije restait souvent devant la Vierge, attiré et fasciné. Cette période de sa vie resta profondément gravée dans la mémoire de l'enfant.

A Krasic, pendant ses années de détention, Alojzije avait fait accrocher cette image à côté de son lit. Ainsi pouvaitil mieux la voir à tout moment; et ses visiteurs aussi, en entrant dans sa chambre, rencontraient d'abord l'image de la Vierge Marie.

"C'est Elle l'exemple, qu'il faut voir, et pas moi!", disait-il.

Déjà tout enfant, Alojzije était en communion étroite avec l'environnement naturel de son village et des alentours, avec leur faune et leur flore. Il observait, il écoutait.

1. Voir: Jean-François Gossiaux, Famille et tradition communautaire en Yougoslavie Annales de l'institut français de Zagreb, 3ø Série, n 2, 1976, p. 135-150.

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