"Mais, a-t-elle ajouté, il m'avait affirmé que je verrais le moment où notre fils deviendrait Evêque!" Puis elle a enfin parlé de ses jeûnes et prières pour que son fils devienne prêtre.

A Zagreb comme ailleurs on accueillit la nomination de Mgr Stepinac avec beaucoup d'allégesse et de confiance. Cette confiance était fondée car tous connaissaient le jeune prêtre pour son dévouement aux pauvres, sa bonté, sa droiture et sa foi. Ce fut avec une joie toute particulière que toute la population pauvre accueillit la nouvelle.

Les articles dans la presse se réjouissaient de la jeunesse et de l'énergie vitale de Mgr Stepinac qui menait à bien tout ce qu'il entreprenait. Dans ce temps de crises mondiales, on avait tant besoin d'un tel homme et de sa foi.

L'Archevêque Bauer emmena son coadjuteur d'abord dans le village Duga Resa, où il posa la première pierre de la nouvelle église Saint-Antoine, puis à Krasic, pour saluer sa mère.

Du 19 au 23 juin, Mgr Stepinac fit une retraite de trois jours pour se préparer à sa consécration; il prit comme devise épiscopale: "In te, Domine, speravi". Il voulait primer ainsi que Dieu était le but de tous ses projets et de ses actes et par ailleurs, la source de sa force.

Son blason était composé d'une Croix sur fond bleu, avec, à ses côtés, le symbole du Christ, Alpha et Oméga.

A la veille de sa consécration, fixée en la féte de Saint Jean-Baptiste, le 23 juin 1934, pendant la retraite aux flambeaux, Mgr Stepinac s'inquiéta des gros frais occasionnés par cette célébration; il eût préféré donner cet argent aux pauvres. On dut le rassurer en lui disant que les frais n'étaient vraiment pas élevés. Cependant, il demanda aux citoyens de Zagreb de penser aussi aux pauvres en cette occasion de fête.

L'enthousiasme de la foule ce jour-là était gand. L'avocat Protulipac parla au nom de la jeunesse croate, en reprenant la devise de Mgr Stepinac: "In te, Domine, speravi", comme devise pour tout le peuple croate.

Dans son discours, Mgr Bauer proclama son bonheur et sa confiance en son successeur.

Le discours de Mgr Stepinac rappela la foi profonde et exemplaire des aïeux qui illumina comme un phare tout le peuple croate, pendant treize siècles. Il émit le voeu que pour tous et pour chacun, cette foi reste solide.

Les discours se succédaient et chacun trouvait grande joie dans la fête.

Toutes les personnalités du monde religieux étaient présentes à la consécration dans la magnifique Cathédrale gothique de Zagreb.

Près de l'autel, la mère de Mgr Stepinac, à genoux, profondément recueillie, récitait son chapelet.

Pendant tout le temps de la fête, Mgr Stepinac resta très sérieux. Son visage grave refiétait une grande tristesse. Quand on lui en demanda la raison, il répondit qu'il pressentait des événements tragiques pour tous, aussi bien que pour lui.

Pendant les trois ans et demi qui suivirent, l'Archevêque coadjuteur agit en étroite collaboration avec l'Archevêque Bauer, tenant compte de ses conseils et de son expérience. Ce dernier d'ailleurs parlait avec confiance et estime de son successeur, appréciant aussi bien ses qualités d'homme que ses liens intérieurs si forts avec Dieu.