Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy

Selon le témoignagne de Mr. l'abbé Stéphane Lackovic, secrétaire de Mgr Stepinac, pendant l'entretien avec l'Archevêque, Tito confia à son interlocuteur que pendant la guerre, il avait rendu visite incognito, c'est- à- dire habillé en officier russe, à l'état- major des Tchetniks. Là, il avait eu une conversation avec leur chef Draza Michaïlovic sur les futures opérations militaires. Persuadé qu'il parlait avec un officier russe, Mikhaïlovic expliqua son plan sur les Croates: "Un tiers doit être tué, un deuxième tiers expatrié, le troisième devra se soumettre à nous." Tito ajouta qu'à partir de ce moment, il était décidé à empêcher Mikhaïlovic de réaliser son plan abominable.

Malgré les promesses de Tito, le nouveau gouvernement s'activait dans le sens d'une politique athée. On empêchait l'enseignement du catéchisme. On continuait à emprisonner des prêtres et de nombreux fidèles. La presse et la radio attaquaient les Evêques, le Saint- Siège et surtout l'Archevêque de Zagreb. Plusieurs Evêques étaient emprisonnés. Stepinac, au début, montrait sa bonne volonté de collaborer avec le régime nouvellement installé et répondait aux invitations de se rendre à leurs fêtes ou meetings. Malgré tout cela, il fut de plus en plus attaqué.

Toute la population levait vers lui des yeux pleins d'espoir. En juillet 1945, eut lieu le traditionnel pèlerinage à Marija Bistrica et le nombre de participants évalué à plusieurs milliers, était plus élevé que jamais; on priait, on pleurait, on scandait le nom de l'Archevêque.

Au moment des élections pour l'Assemblée Constitutionnelle, nombreux étaient ceux qui demandèrent à Stepinac de se présenter au nom de la liste croate, car tout le peuple croate voterait pour lui. Mais l'Archevêque répondit que si personne ne pouvait le dépasser dans son sentiment patriotique, il ne voulait cependant pas faire de politique; que ses devoirs d'Archevêque consistaient à lutter pour l'Eglise catholique. De toute façon, il n'y avait qu'une liste et pas d'autre choix possiple; c'était la liste communiste qui devait passer à tout prix.

Sous les menaces

Comme Tito avait promis de travailler à l'amélioration des relations entre l'Etat et l'Eglise et dit que toute atteinte contre l'Eglise pouvait être signalée au gouvernement, Stepinac envoya de nombreuses protestations témoignant des faits douloureux qui se produisaient quotidiennement: c'étaient des assassinats de prêtres, de fonctionnaires auparavant au service de l'Etat Croate Indépendant, ainsi que d'intellectuels. Tous ces crimes avaient été perpétrés malgré la promesse de Tito. Les condamnations à mort se succédaient après un semblant de jugement devant un tribunal militaire où les accusés n'avaient le droit ni de parler, ni encore moins de se défendre par l'entremise d'un avocat. Mgr Stepinac ajoutait dans son message que ces jugements ressemblaient beaucoup plus aux exécutions des XVI° et XVII° siècles lorsque les Turcs occupaient ces régions, qu'à l'image de marque d'un pays moderne du XX° siècle. Ces tribunaux qui condamnaient à mort sans aucune objectivité ne pouvaient pas avoir la confiance du peuple, car il était clair qu'ils ne s'inspiraient que de vengeance.

"On parle des jugements "du peuple", continuait plus loin Mgr Stepinac, mais ces juges ne sont pas élus par le peuple, puisqu'ils sont nommés par le gouvernement. On emprisonne des gens sur simple dénonciation. On eût dit qu'il ne fallait pas vivre en 1941-45 pour ne pas être accusé coupable aujourd'hui: on est coupable déjà pour le seul fait d'avoir vécu et travaillé pendant cette période. On peut se demander si le peuple croate, à dater du début de son histoire jusqu'à ce jour, a jamais souffert autant qu'il souffre aujourd'hui, en ces dernières années.

Des intellectuels croates ont perdu leur emploi simplement parce qu'ils ont travaillé sous le régime précédent. Ainsi des milliers de familles restent aujourd'hui sans travail, sans leur pain quotidien.

On leur conseille cyniquement d'aller bécher les routes! Toutes les occasions sont bonnes, semblet-il, pour exterminer les intellectuels croates. Partout à leur place, à la place de ces spécialistes, on nomme des ignorants qui savent à peine apposer leur signature. Puis, continue-t- il, pourquoi persécuter des milliers de soldats croates qui ne sont condamnables par aucune règle d'éthique et qui ne demandent qu'à participer à la reconstruction du pays?"

Circulaire aux fidèles et au clergé

Le 24 juin 1945, Monseigneur envoya une circulaire que les prêtres devaient lire au peuple sans l'interpréter pour ne pas être accusés; l'Archevêque voulait en porter seul la responsabilité: même au prix de sa vie, il tenait à dire aux parents leur devoir de demander l'éducation religieuse dans les écoles. En affirmant cela, disait-il, il était poussé par un amour sincère envers eux et envers leurs enfants; il leur rappelait les paroles de la Bible:

"Qui gâte trop son fils, se verra obligé un jour de panser ses blessures".

Ensuite, il exhortait à la patience et à la prière et spécialement les prêtres; que ceux-ci essayent d'inciter les familles à prier ensemble et, autant que possible, à réciter le chapelet. Il recommandait aux prêtres de ne parler dans leurs sermons ou prédications de quoi que ce soit qui touche la politique.

Pour cela, disait-il, le mieux était d'écrire leurs prédications et de les lire ensuite; ainsi, si on les accusait, ils pourraient justifier chaque mot employé. Il terminait sa circulaire par sa devise: "In Te, Domine, speravi".

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