Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Peu de temps après, on le déclara mort. Sa mère avait été emmenée dans un camp de concentration où elle est morte. Son plus jeune frère avait disparu.

Martyrs silencieux! Combien en compte la Croatie, pays de martyrs (1)!

Dans sa prison, Mgr Stepinac attendait le procès et son jugement. On lui refusait le droit d'avoir la moindre relation avec l'extérieur, ni de vive voix, ni par écrit.

Mais il eut tout de même droit à un minimum de correction envers sa personne.

Avant le commencement du procès, il fut conduit devant le juge. C'était un personnage à l'allure prétentieuse et méprisante: il était clair que c'était le principal acteur qui tirait les ficelles du jeu.

Devant le tribunal

Le juge évoqua le droit de tout accusé de choisir un avocat. Mais l'Archevêque refusa disant que de toute façon il ne répondrait pas aux questions de l'accusation montée de toutes pièces sur l'ordre d'une certaine organisation. Il dut confirmer par écrit son refus. Ainsi, il eut l'occasion de rédiger une déclaration, au travers de laquelle, on lisait l'innocent, disant la vérité, accusant le mal, et affirmant que le jour viendrait où l'histoire lui donnerait raison.

Puisque Mgr Stepinac refusait de choisir ses défenseurs, le Tribunal Suprême Croate choisit Me Ivo Politeo et Me Natko Katicic.

Tous les deux étaient indépendants politiquement, mais avaient les mains liées par le pouvoir communiste, qui les empêcha d'avoir un contact quelconque avec les représentants de l'Eglise. Les agents gardaient jour et nuit l'appartement de Me Politeo, surveillant chacun de ses pas. Entre le jour de son emprisonnement et le jour de son procès, Mgr Stepinac eut le droit de parler à ses avocats une seule fois pendant une heure.

Ce procès, qui était une véritable parodie de justice, a été appelé par Pie XII "tristissimo processo".

Plusieurs prêtres, ainsi que d'autres anciens dignitaires de l'Etat Croate Indépendant, étaient jugés en même temps que Mgr Stepinac. Ils étaient tous accusés de collaboration et de trahison. Chacun de ces procès particuliers était monté de telle sorte que le nom de l'Archevêque y fût impliqué et y parût... Ainsi, on essayait de camoufler la véritable raison qui incita le parti communiste à faire a le procès" contre Mgr Stepinac: sa lettre aux fidèles de septembre 1945.

Le procès commença le 30 septembre 1946. L'entrée du tribunal n'était pas libre: pouvaient y pénétrer seulement ceux à qui OZNA avait distribué des invitations. Donc, le public fut soigneusement choisi pour jouer un rôle psychologique important et tendancieux dans le déroulement du procès. Au 7 octobre, le procureur général avait déjà parlé quarante-huit heures, tandis que les avocats de la défense avaient eu beaucoup de mal à prendre la parole, et seulement pendant une vingtaine de minutes. La police secrète surveillait pour qu'on ne prenne pas de notes, et confisquait vite celles que quelqu'un aurait osé prendre.

Les comptes rendus du procès publiés par la presse ne correspondaient pas à la réalité de ce que le public entendait dans la salle; les lecteurs recevaient une image déformée de ce qui se passait en vérité. Parfois, pour fatiguer le plus possible les accusés, et décourager leurs avocats qui n'avaient pas eu le temps d'étudier à fond les dossiers pour préparer la défense, l'audience durait de 8 heures du matin à 20 ou 21 heures le soir.

Les principaux points de l'accusation étaient la collaboration, la trahison contre le régime, ainsi que le terrorisme et la pression sur la population orthodoxe pour la faire passer au catholicisme. Pourtant, tout le monde savait le contraire... Un des témoins de la défense, Kvaternik, déclarait que le régime de Pavelic n'aimait point Mgr Stepinac parce que justement ce dernier luttait contre toute forme de pression précitée, et sauvait les vies humaines, en l'occurrence, des orthodoxes. La presse n'a pas fait mention de ce témoignage...

Tout au long du procès, le président dù tribunal et le procureur de la République ne cessaient de lancer à l'accusé une foule d'injures : Mgr Stepinac répondait par le silence. Sur certains points cependant, il estimait devoir donner quelques précisions. Une fois, tout au début du procès, il demanda la parole, mais elle lui fut refusée par le président. Pourtant, dès que cela lui fut possible, il dit que sa conscience était nette de tout ce qu'on lui reprochait. Son comportement était calme, marqué par la maîtrise de soi et de ses paroles. Le temps du procès faisait, pour lui, partie du sacrifice pour l'Eglise.

Parfois, au cours du procès, on faisait paraître des" preuves" soi-disant écrites par Mgr Stepinac, que ce dernier ne reconnaissait point. Cette ignorance démontrait, une fois de plus, que ce procès était monté de toutes pièces.

1. Stepinac mu je ime (Stepinac c'est son nom). Recueil de souvenirs, témoignages et documents. Préparé et édité par Mr. Vinko Nikolic, Ed. Knjiznica Hrvatske revije, Bibliothèque de la Revue Croate, München-Barcelona, 1978, t. I, p. 234- 235.

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