Car la signification du procès n'est pas douteuse. C'est bien de persécution religieuse qu'il s'agit:
"L'Archevêque de Zagreb, écrit François Mauriac dans Le Figaro du 2 novembre, refusait de rompre avec Rome. Voilà le noeud de tout." Il y a cette chose qui résiste, cette force contre laquelle aucune police ne prévaut, ce Corps mystique de l'Eglise et du Christ qui peut être torturé dans la chair des martyrs, mais qui ne peut être rompu: Mgr Stepinac souffre pour l'unité, il est un des martyrs de l'unité"...
("Etudes" de décembre 1946,.p. 385-389, signé: C.R.)
Winston Churchill
"Les conditions de vie en Yougoslavie étaient funestes et tristes. Des efforts ont été faits pour la création d'une République Socialiste Soviétique en relation très étroite avec Moscou. Les conditions du procès juridique qui se déroulait en vue de condamner l'Archevêque de Zagreb ont créé un profond malaise dans toute la population."
(Extraits du Discours au Parlement, le 1er novembre 1946.)
Ante Sumanovic, Métropolite Orthodoxe, témoigne en faveur de Mgr Stepinac
"J'étais très étonné d'apprendre que les pasteurs protestants se laissaient duper ainsi que de nombreux Serbes de l'émigration, par la propagande des rouges affirmant que l'Archevêque avait collaboré avec les Oustachis dans la persécution des Serbes. Je me porte garant personnellement que ce n'est pas vrai et je signe. En 1941 j'ai été emprisonné par les Oustachis et amené à leur police, rue Petrinjska à Zagreb, où je me trouvai entre le 27 avril et le 11 mai 1941. Je partageai la cellule no 8 du Métropolite serbe orthodoxe Dositej que je ne connaissais pas. Il souffrait fort d'artériosclérose.
Il m'a dit que Stepinac avait fait plus pour lui ` que n'eût fait son propre frère: "C'est grâce à la prise de position énergique de l'Archevêque, que les Oustachis n'ont pas réalisé leur intention de brûler et de détruire l'église orthodoxe de Zagreb le jour où ils ont brûlé le temple juif." Il ajouta qu'on allait le transférer en Serbie, décision très favorable pour lui, et qu'il le devait uniquement à Stepinac. En effet, trois jours plus tard, il partait pour la Serbie, où, après quelques années, déjà sous le régime de Tito, il est mort au monastère de Rakovica près de Belgrade.
Tito a reconnu officiellement Dositej comme "victime", mais il n'a pas reconnu que c'était Stepinac qui avait sauvé cette victime...
(Neue Z¨richer Zeitung, 20 novembre 1947.)
Ivan Mestrovic (1883-1962)
MGR STEPINAC, HEROS SPIRITUEL
Réflexions sur Stepinac au dixième anniversaire de son jugement.
Le 11 octobre 1956 marquait le dixième anniversaire de la triste condamnation et de l'emprisonnement de Mgr Stepinac, Archevêque de Zagreb et aujourd'hui Cardinal de la Sainte Eglise Catholique.
Une date pour lui aussi lourde que glorieuse mais déshonorante pour ceux qui l'ont condamné. Ce jugement fut un de ces gestes maladroits du Gouvernement qui pourraient lui être fatals. Condamnation honteuse parce qu'un homme innocent a été accusé, un homme dont aucun Croate n'a douté de la droiture tant dans sa vie de Pasteur que dans sa vie de citoyen, personne, pas même ceux qui l'ont condamné. Il a été accusé à cause de sa foi à toute épreuve dans le Christ et à cause de son attachement aux droits du peuple croate, à sa liberté, à son indépendance. - Tout le reste, tout ce qu'on a dit n'étaient que mensonges. Un des leaders du Parti communiste, proche de Tito, l'avoua il y a quelques années, à New York, à l'auteur de ces lignes. A ma question: "Que pensez-vous de Stepinac, de l'accusation et du jugement rendu à son endroit?" Milovan Djilas me répondit: a Pour parler honnêtement et dire la vérité, je pense, et je ne suis pas le seul, que Stepinac est un homme à part entière, un caractère solide qu'il est impossible de fléchir. Il a été véritablement accusé innocent, mais combien de cas peut-on compter dans l'Histoire où des innocents ont été condamnés pour des besoins politiques!" - "Etait-ce vraiment un besoin politique que ce conflit, contre la volonté et les sentiments du peuple croate, avec la grande Eglise Catholique et, par là, avec toutes les religions qui confessent l'existence de Dieu?"
- "Nous n'aurions pas critiqué son nationalisme croate, mais ce qui nous a gênés, c'était sa fidélité au Pape de Rome."
Et maintenant quelques mots sur des accusations contre Stepinac: Accuser Stepinac de haine contre les Serbes, l'accuser de pression sur eux pour les faire passer au catholicisme au temps des Oustachis, est entièrement mensonger. Pendant la première guerre mondiale, Stepinac, qui sortait de captivité en Italie, fit la guerre sur le front de Salonique aux côtés des Serbes contre l'Autriche. I1 ne l'a pas fait par esprit d'aventure, mais poussé par des sentiments de fraternité. Il était loin de prévoir, comme d'ailleurs les autres volontaires, que plus tard, après l'alliance, Belgrade réaliserait l'hégémonie et le terrorisme à l'encontre des Croates et de la Croatie.
Que, déçu, il se soit donc opposé à une telle alliance, c'est tout à fait naturel pour un homme qui ne supporte pas l'injustice et le terrorisme et qui respecte la dignité humaine et nationale. Il n'a pas fait de politique, mais, devenu Archevêque, il condamnait tout ce qui était inhumain, dans le pays ou à l'étranger.