FRANCE - CROATIE | 18/23 |
Le déclic illyrien
Dès le début du XIXe
siècle, deux livres
viennent compléter les
connaissances des
Français sur la Croatie et la
côte
dalmate : en 1802, Joseph La
Vallée
publie son "Voyage pittoresque et
historique de l'Istrie et de la Dalmatie,
rédigé d'après
l'itinéraire de L. -F.
Cassas" (Edition Née), et en 1809,
paraît
le "Tableau géographique et
politique des
royaumes de Hongrie, d'Esclavonie, de
Croatie et de la grande
principauté de
Transilvanie" de J. A. Demian (traduit de
l'allemand et publié par M. M.
Roth et
Raymond, chez l'imprimeur S. C.
L'Huillier). En dehors du cas de
Bruerović dont la parfaite dualité
culturelle reste aussi
emblématique
qu'exceptionnelle, l'occupation
française
de la Dalmatie suscite, bien sûr,
un très
net regain de curiosité pour le
littoral
adriatique et sa population. L'un des
premiers à faire part au public de
ses observations est l'attaché
d'ambassade Charles Pertusier qui fait
paraître en 1815 une longue notice
sur la
Dalmatie dans ses "Promenades
pittoresques dans Constantinople et sur
les rives du Bosphore". En 1822, il
publie aussi un ouvrage consacré
à "La
Bosnie, considérée dans ses
rapports avec
l'Empire Ottoman" (Editeur Ch. Gosselin).
De son côté, le chevalier
Bernardini
publie, en 1823, son "Discours sur la
langue illyrienne et sur le
caractère des
peuples habitant la côte orientale
du
golfe adriatique".
Consul de France à Jannina (chez
Ali
Pacha de Tebelen) et ami de Bruerović, le
médecin François Charles de
Pouqueville
est passé à Dubrovnik
quelques semaines
avant l'arrivée des troupes
françaises (88)
et il raconte ce qu'il y a vu dans un
livre qui paraît en 1820, le
"Voyage dans
la Grèce" (Editeur Firmin Didot),
où il
exprime une réelle sympathie pour
Raguse
et ses habitants. "D'où venait ce
prodige
d'obéissance, écrit-il,
dans un pays où
il n'y avait ni gendarmerie, ni force
armée, ni police secrète,
si ce n'était
du respect antique pour une noblesse, qui
n'ayant rien de militaire, était
par
conséquent paisible et toute
débonnaire
envers ses vassaux" (p. 21). Et il
conclut par ce bienveillant constat : "La
douceur des Ragusais, les lumières
des
classes jadis privilégiées,
la bonté de
ce peuple en général, son
excellent
naturel, me porteront dans tous les temps
à faire des voeux pour son
bonheur, qui
doit maintenant égaler en
durée celui des
peuples soumis à l'autorité
paternelle de
la pieuse dynastie des Césars
d'Autriche". (p. 29).
Plus coloré est le récit
d'Amédéé
Chaumette Des Fossés (1782-1841)
(89)
qui
fait paraître en 1822 son "Voyage
en
Bosnie dans les années 1807 et
1808" dont
nous extrayons l'amusante citation
suivante : "Quand un Bosniaque se
lève,
il commence par boire un grand verre
d'eau de vie de prunes sauvages
(slibovitz). Un peu avant le dîner,
il en
boit au moins deux autres, en mangeant
des patisseries. Pour étouffer la
chaleur
épouvantable que cette boisson lui
donne
à l'estomac, il dévore son
potage à
l'oignon et aux navets, coupés par
petits
morceaux, et sans
pain ; son ragoût horrible de
viande de
mouton fumée grossièrement
(pasterma) et
ses choux aigres.
86. In faustis natalibus ac sollemnibus
sacri baptismatis caeremoniis a Deo
Galliae dati optatissimi principis
Nenrici Burdigalae ducis Carmina, typis
J. G. Dentu, Paris 1821. La traduction
italienne parait la même
année sous le
titre suivant : Versione di ne odi
latine del cavalier Marco Bruère-
Desrivaux, composte in occasione delle
solennita del sacro battesimo di sua
altezza il real principe Enrico di
Bordeaux, tradotte dallo stesso autore
ad Gso di sua altezza reale Carolina
Ferdinanda Luigia... duchessa vedova di
Berry, Parigi, presso A. Béraud,
1821.
87. Mar-c Bruère Desrivaux, Jean
Dayre, p.
157 - 158.
88. Il était en compagnie de
César
Berthier, neveu du général,
et du colonel
Julien Bessières.
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