Mirko Tomasovic: Marko Marulic

Marko Marulic
Marcvs Marvlvs

Mirko Tomasovic

A cette aspiration à l'universel, on peut ajouter aussi la variété de son œuvre, qui est composée de deux poèmes épiques, d'élégies, d'hymnes, de lettres, de "mascarades", de plaintes, d'une lyrique mariale et spirituelle, et de nombreux écrits en prose de caractère théologique, moral et apologétique. Dans cette variété de genres littéraires, on a même trouvé des devinettes, des compositions énigmatiques et des traits d'esprit, qui voisinent avec des élégies de caractère hagiographique et des textes destinés à des représentations sacrées. Dès le début du XVII siècle, (la traduction de Thomas a Kempis et le poème Judith voient le jour entre 1499 et 1501) l'expression en prose et l'expression poétique de Marulic apparaissent mûres pour une création et une réception littéraire de niveau européen. Et de fait, ses ouvrages, dans les deux décades qui suivent, auront de nombreuses éditions dans les grands centres typographiques européens (Venise, Bâle, Cologne, Rome, Anvers) et seront ensuite traduits et publiés dans de nombreuses villes (Paris, Madrid, Lisbonne, Augsbourg, Douai, Florence, Arundel, Prague).

Il s'agit donc d'un écrivain issu d'un milieu périphérique de l'Europe, et qui dans le même temps devient le premier écrivain classique dans sa patrie, et un humaniste qui jouit d'une extraordinaire fortune internationale.

LA VIE

Il n'existe pourtant que peu de données valables et de documents écrits sur la vie de Marko Marulic, mais cette lacune est compensée par ses œuvres littéraires, et sur cette base, nous pouvons apprécier non seulement l'écrivain, mais aussi l'homme. Il est certain qu'il a fréquenté, à Split, l'école humaniste du maître italien Tideo Acciarini, où il a appris si parfaitement le latin qu'il pouvait, déjà à cette époque, composer des poésies.

A Padoue, il avait probablement étudié le droit, puisque, plus tard, il s'en est occupé dans l'administration municipale de Split.

A cette époque, ou plus tard, il avait également visité d'autres villes italiennes, et certainement Venise. Des études lui ont été facilitées grâce au statut de sa famille, qui était noble et moyennement riche: on peut en dire autant de sa famille maternelle De Albertis. Parmi ses nombreux frères et sœurs (sept en tout) c'est sa sœur cadette Bira qui a laissé le plus de traces dans son œuvre, elle qui, selon l'habitude de l'époque, était entrée au couvent des bénédictines, pour éviter la dispersion des biens de la famille. Son frère Marko a dédié à Bira quelques écrits légers afin d'adoucir le quotidien de la clôture. Après la mort brutale de ses deux frères, c'est lui qui prit en charge la famille, veillant sur les intérêts des Marulic, comme on peut le constater dans les discussions et les affaires judiciaires. Il accepta un jour, pour pouvoir travailler en paix, l'invitation de son parrain Dujam Balistrilic, et c'est ainsi qu'il séjourna dans ce refuge " arcadien " de l'Ile de Šolta, voisine de Split. De Šolta, il a envoyé à ses amis une lettre poétique qui révèle un homme sociable et sensible. A Split, il vivait à la manière des nobles, comme fonctionnaire officiel et notable de la ville. Il semble qu'il était totalement dédié à son travail d'écrivain, avec une énergie incroyable comme le montrent le nombre et l'importance de ses écrits. Auprès de Marulic se réunissaient des gens de son âge et des intellectuels plus jeunes, cultivant la coutume de l'échange humaniste. Dans ce cercle, le plus prestigieux était certainement Marulic. Les panégyriques et les épitaphes nous montrent que ses concitoyens avaient conscience d'avoir à Split un écrivain exceptionnel. Dans les lettres de Marulic, nous trouvons aussi des indications sur des personnes envieuses et malveillantes qui ont assombri son existence. Son testament, parfaitement ordonné, atteste combien Marulic était fidèle à sa famille, attaché à sa ville natale, maître écouté, consciencieux et profondément religieux. Son ami Franjo Bozicevic Natalis a composé de lui une biographie stylisée, mettant surtout l'accent sur la figure du saint. Par chance, Natalis a transcrit les titres des livres et des manuscrits de Marulic. C'est là tout ce que l'on peut trouver dans les documents officiels et dire de sa position sociale, sa vie de tous les jours et ses inclinations. Opera loquuntur.

L´ECRIVAIN TRILINGUE

Marulic est un écrivain trilingue. De ses ouvrages composés en italien, on n'en a conservé que quelques-uns. La plus grande partie a été écrite en latin, mais Marulic a laissé également beaucoup de compositions en langue croate: une partie est encore manuscrite et l'on procède à sa publication; une autre n'est connue que par ses titres, et il faut espérer que quelques circonstances heureuses la rendront à la lumière, comme il est arrivé à beaucoup d'autres œuvres de Marulic, depuis 1952 (lorsque dans la Bibliothèque Nationale de Turin on a découvert le manuscrit de son poème épique la Davidiade) à 1993, lorsque dans le trésor du British Museum de Londres on a retrouvé l'autographe de cette œuvre hagiographique qu'est la Vita sancti Hieronymi. La collection des Opera omnia de Marko Marulic, qui est publiée par le Cercle littéraire de Split, est actuellement composée de treize volumes: quatre d'œuvres croates et neuf d'œuvres latines (deux autres volumes sont en cours d'impression: un croate et un latin). Restent encore à publier au moins trois tomes de textes latins, vraisemblablement un en italien: ce qui montre la grande fécondité et le travail de cet humaniste de Split, en même temps que sa curiosité d'auteur pour les différentes formes d'expression.

LES ŒUVRES LATINES

Les genres poétiques humanistes, et une série de textes en prose, surtout d'inspiration religieuse, forment la partie latine de son œuvre. Et ce sont précisément ces textes qui ont fait connaître Marulic en Europe aux XVIe et XVIle siècles, malgré la multitude d'œuvres de la même inspiration. Ils mettent en valeur la remarquable culture théologique et biblique de l'auteur, mais ils se sont modelés, sur le plan littéraire, sur le niveau élevé de l'expression latine. L'élan spirituel du croyant, l'ardeur mystique que l'on entrevoit, l'éloquence de l'humaniste et le don de donner vie à son exposé théologique et moral avec des exemples tirés de la Bible et des vies des saints ont permis à Marulic de rejoindre une ample frange de lecteurs. Son orthodoxie, sa fermeté, son éthique, les passages psalmodiés et les invocations lyriques attiraient les âmes désireuses de réconfort en une époque de crises aigües et de controverses ecclésiastiques; une langue latine très soignée et la structure toute humaniste des textes correspondaient au goût du siècle nouveau.

De institutione bene vivendi per exempla sanctorum

Au premier rang, au point de vue de la diffusion, se trouve le livre de Marulic De institutione bene vivendi per exempla sanctorum (mais le titre subit des variations dans les différentes éditions, par exemple Circa l'instituzione del buono e beato vivere secondo l'esempio dei santi, qui compte, jusqu'à ce jour, une soixantaine d'éditions attestées. Comme editio princeps, on retient l'édition imprimée à Venise en 1507, bien que certains catalogues de livres des codices du Vatican citent aussi des éditions antérieures, par exemple l'édition de 1498 parue dans cette même ville. Cependant, on n'a pas encore identifié ces exemplaires du XVe siècle, de la période des incunables.

CONTINUA | PRINCIPIO DEL LIBRO | HOME

Studia Croatica
______________________________________
Studia Croatica Studia Croatica Blog Studia Croatica - Lexicon www.croacia.com.ar . . . .