FRANCE - CROATIE | 2/23 |
Un siècle plus tard, les Croates, peu rancuniers, acceptent comme suzerain le Français Charles-Robert d'Anjou (1288- 1342), arrière petit-neveu de Saint- Louis, sur le règne duquel on ne possède que peu de renseignements, puis à sa mort, son fils Louis Ier le Grand (1326- 1382) qui tente, contre Venise, de conquérir toute la Dalmatie, d'unifier et de centraliser son royaume. "Preux de grand style, homme de vastes conceptions" comme le définit Louis de Voïnoviæ, Louis d'Anjou était malheureusement versatile ("di subito movimento" nous dit Mateo Villani) : il mena contre Venise des campagnes sans énergie, fit appel à un lointain cousin, Humbert II, Dauphin du Viennois et Comte du Dauphiné, pour une médiation qui échoua, et ne fit point oeuvre impérissable en ses terres de Croatie.
Hormis cette étonnante présence d'une dynastie française sur le trône hungaro- croate (mais il y eut bien dans ces régions un prétendant catalan et même un Irlandais), on ne trouve, au XIVe siècle, que fort peu de faits notables dans les relations entre les deux pays.
Au temps de la Renaissance
Le XVe siècle n'est pas bien riche
non
plus. On sait toutefois que de nombreux
pèlerins font escale à
Raguse sur la
route des Lieux Saints. Mirko Deanoviæ
(5) mentionne par exemple des seigneurs
français ("nobiles Francigene")
qui
passent quelque temps à Raguse en
1422
(6). Certains de ces voyageurs, comme
Georges Langherand ou Denis Possot, ont
même laissé dans leurs
écrits la
description de leur séjour. C'est
également l'époque
où les négociants
dalmates s'efforcent d'étendre
leur
réseau commercial en Europe en
sollicitant la bienveillance de
différents monarques. Dans le cas
de la
France, il semble qu'en 1498,
l'évêque
ragusain Giovanni Sacchi ait obtenu pour
sa ville divers privilèges du roi
Louis
XII, privilèges grâce
auxquels Marseille,
Nice, Villefranche ou Lyon
établissent
des relations suivies avec Dubrovnik.
Le XVIe siècle voit, quant
à lui, se
régulariser les échanges
diplomatiques
entre la France et Raguse.
Recommandé par
l'archevêque Trivulce dont un
frère,
Teodoro, est gouverneur de Lyon,
Bartolomej Bogisiæ est
dépêché en
ambassade auprès de
François Ier. Dans le
même temps (1535), Saro Gucetiæ
(Séraphin de Gozo ou Gozze)
apporte au
roi de France trois chevaux que lui offre
Ibrahim-pacha. Engagé dans une
lutte sans
merci contre Charles-Quint,
François Ier
est conduit à nouer des relations
avec
les Ottomans et à se mêler
de la
succession de Hongrie. Pour ce faire, il
a régulièrement recours
à divers agents
dont Antonio Rincon et César
Cantelmo,
mais aussi les Croates Saro Gucetiæ,
Stjepan Brodariæ et Franjo Trankvil
Andreis. Les partenaires du monarque
français ont également
recours à
l'entregent des diplomates croates, comme
en témoigne le rôle
important d'Antun
Vranciæ, le secrétaire de Jean
Zapolyai.
Cette coopération franco-croate se
poursuit sous les successeurs de
François
Ier, et l'on sait, par exemple,
qu'Andrija Bundiæ vient demander à
Charles IX l'autorisation d'importer
à
Raguse du blé de Provence. Un
autre
émissaire, le Père Djuro
Cucetiæ,
assiste même, à Vincennes,
aux derniers
instants du roi (mai 1574).
5. Anciens contacts entre la France et
Raguse, Institut Français de
Zagreb,
1950, p. 9.
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Adriana Smajic
Glagol Press